Traduction du vécu d’un couple de catéchiste par Denis DUMAS

Source  : http://www.geocities.com/Athens/Delphi/6919/ita_index.htm

 

 

Conjoints anciens catéchistes du Chemin

Je m'appelle Marina, je suis Autrichienne et aujourd'hui j'ai 61 ans. Depuis 1972 je suis mariée avec Concetto. Nous avons trois enfants : Raffaella, Elisabetta et Alfredo. J'ai connu le "Mouvement Néocatéchuménal", connu comme "Chemin Néocatéchuménal", par mon métier de physiothérapeute. Ce fut en effet la mère d'une fillette atteinte d’un handicap, que je soignais, qui nous fis connaître cette réalité.

Tout de suite j’accueillit l'invitation à participer aux rencontres, parce que depuis quelque temps je voulais avoir une expérience religieuse qui me mît en communion avec d’autres personnes. Avec mon mari j'entrai en Communauté en 1984 commençant ainsi une expérience que nous avons conclu seulement en 1998. Encore aujourd'hui, cela pour dénoncer ce qui suit, nous réentendons des idées qui nous furent inculquées alors, spécialement celle que le " le Chemin " est La voie à suivre pour arriver au Salut.

Les discours martelants qu'on nous faisaient, nous portaient à perdre la conscience de notre liberté et nous induisaient à nous sentir indissolublement liés au "Chemin" en nous convainquant, au plus profond, que risquions le salut éternel, si nous en sortions. À peine entrée il me semblait réaliser enfin mon désir. J'étais heureuse, et dans la Communauté je me sentais "bien voulue". J’ai tout de suite tout accepté avec un certain enthousiasme. Les catéchèses (même si elles étaient très longues et martelantes), les frères, la Parole de Dieu, la Table Cantine Eucharistique, les convivences : tout me donnait une joie immense. Je pensais avoir enfin trouvé la vraie Église. Avec mon mari je fus choisie comme responsable après le 1° passage. Par la suite, toujours avec mon mari, je fus nommée Catéchiste. Concetto n'était pas enthousiaste comme moi. Cependant je l'encourageais et je le traînais, parce que je prenais à la lettre tout qu'ils me disaient. Petit à petit aussi il grandit dans la ferveur.

NOTRE FAMILLE ET LE CHEMIN (de Marina)

En Communauté tout allait pour le mieux, mais à la maison, apparurent les premiers nuages à l'horizon. À la suggestion des Catéchistes, nous voulions aussi que nos enfants fréquentent le "Chemin." Je devins obsédante avec eux : je ne pouvais pas désobéir aux Catéchistes ! Ceux-ci, en effet, continuaient à soutenir que, si ils ne venaient pas, c’était parce que nous ne les incitions pas suffisamment et nous ne leur donnions pas des signes conformes. C'était notre devoir de leur transmettre, spécialement après les convivences, ces expériences très touchantes.

La situation en famille devenait de plus en plus insupportable. Souffrances continues, incompréhensions, méfiances, accusations et menaces étaient à l'ordre du jour. Après quelque temps nous avons convaincu Elisabetta et Raffaella à entrer en Communauté. Raffaella laissa après le 2° Passage, pendant qu'Elisabetta ne voulut plus en entendre parler lorsqu’après les 'scrutins' les catéchistes l'humilièrent beaucoup. Après la Shemà elle ne revint plus. À partir de ce moment je commençai à voir son insuccès comme conséquence de l'abandon de la Communauté.

Un autre motif de souffrance pour nous étais de savoir que le fiancé de Raffaella ne fût pas un membre du "Chemin". Les catéchistes avaient à ce propos été précis. Ils nous disaient : "Le mariage entre deux personnes du 'Chemin' est très important, ou mieux, indispensable pour former une bonne famille chrétienne." Si en fiançant Raffaella il fût entré en Communauté, les deux auraient dû commencer le Chemin ensemble. En effet, quand une personne se fiançait ou se mariait, il devait recommencer le Chemin de nouveau, avec le partenaire, indépendamment de l'Étape où il était arrivée.

Durant des années nous avons porté ces fardeaux sans s'apercevoir que notre famille, au lieu de s'unir dans l'amour du Christ, s'émiettait de tous les côtés. Pendant 14 ans nous n'avons pu vivre un samedi soir avec nos enfants, les abandonnant à eux-mêmes et nous privant de leur compagnie. Jamais une promenade ensemble ! Jamais un soir aux parents ou en pizzeria ! Aujourd'hui ils sont adultes et ils ne nous pardonnent pas de les avoir abandonnés, quand nous aurions du rester proches d’eux plus qu'en tout autre période de leur vie. Le samedi soir nous allions à la Table Eucharistique et tard nous revenions. Le jour suivant, après les avoir invités de manière oppressante à dire les Laudes, nous nous considérions libres de tout engagement, pendant qu'eux nous laissaient seuls pour aller à la Messe. Souvent, le dimanche, nous allions en Convivence, pendant qu'ils faisaient une promenade ou allaient chez des amis ou des parents parce qu'ils se sentaient seuls. J'ai souvenir de peu dimanches passés ensemble sereinement comme il devrait arriver en toute famille. De cela nos enfants nous ont toujours accusés. À leurs accusations nous répondions que le "Chemin" était plus important que n'importe quel autre engagement, même celui de la famille ou celui religieux. Nous devions, en effet, mettre les engagements du "Chemin" avant toute autre chose :

récurrences de l'anniversaire des enfants, réunions avec des parents ou, encore, fêtes patronales. Si quelqu'une de ces récurrences se déroulait en concomitance avec une réunion de la Communauté, il y n'avait pas de possibilité de choix : il fallait ne pas y aller! Nous ne devions pas être absents des rencontres importantes comme les Convivences Régionales à moins de motifs sérieux, comme de graves problèmes de travail, de famille ou de santé. Le seul intérêt que nous devions avoir, était de participer à la vie de la Communauté. Une fois, une sœur de notre Communauté (S.G) ne put participer à une Convivence du "Redditio" parce que, quelque jour auparavant sa mère avait eu, un ictus. Quand les catéchistes la virent dans la rencontre suivante, ils l'accusèrent d'être attachée à l'argent, parce qu'elle aurait dû faire assister la mère par une infirmière, pour pouvoir participer ainsi à la Convivence. Elle fondit en larmes, mais cela ne servit à rien : il lui fut imposée d'aller avec une autre Communauté faire cette Convivence. Une autre sœur, rendue après des décennies à la dernière étape de "l’Élection" ou, comme ils l’appellent, de "Jerusalem", demanda aux catéchistes de partir pour la Terre Sainte, le jour suivant, à son propre compte, parce que justement le jour prévu pour le départ, sa fille devait se marier. Les catéchistes lui répondirent que cela n'était pas possible. Elle devait choisir : ou aller au mariage de sa fille ou partir pour la Terre Sainte. L'épisode m'a été raconté par la fille de ma 'sœur.' Ces épisodes nous faisaient comprendre comment, en faisant partie du Chemin nous devions changer. Nous nous convainquions ainsi que "Rien ne sert au Salut comme le Chemin".

LA VIE DANS LA COMMUNAUTÉ (de Marina)

Comme membres du 'Chemin' nous devions continuellement attendre la venue du Christ : chaque instant pouvait être le bon. Nous devions pourtant toujours être présents aux catéchèses et à toutes les célébrations : dans ces occasions, en effet, le Seigneur nous parlait ! Chaque parole, chaque signe pouvaient être pour chacun de nous, ce qui nous convertirait. Pour souligner l'exigence de conversion, ils nous martelaient sans cesse sur le fait que nous étions pécheurs. Tous nous étions des serviteurs inutiles. La grâce seulement nous sauverait. Au moyen de notre seule volonté nous n’arriverions jamais à rien. L’idée de ne pouvoir rien sans l'aide du 'Chemin' et des Catéchistes faisait son chemin dans nos esprits. Chaque fois que nous devions faire un choix de vie nous demandions l’aide aux Catéchistes. Toute notre vie passait par leurs mains, des choses les plus banales aux choses les plus sérieuses. Les Catéchistes avaient l'obligation de ne pas être nos amis (cela ils nous le disaient clairement). Ils s'unissaient à nous seulement pour les catéchèses et pour nous diriger spirituellement. Dans toutes les autres choses, ils étaient détachés complètement. Par exemple, dans les dîners ils s'asseyaient à leur table en s’isolant. À cause du détachement des Catéchistes et avec les membres de la Communauté plus honorés dans le Chemin, en pensant à toutes les étapes déjà faites, nous voyions ces frères comme des exemples à suivre et nous espérions de pouvoir faire même aussi, un jour, ce qu’ils faisaient. Les membres les plus vieux de la Communauté devaient être des exemples. Aussi ils se conduisaient de manière détachée et ils se distinguaient comme dans l'Agape du Dimanche de Pâques.

À 5.30 tous les jours de Carême, sauf samedi et dimanche, ils se réunissaient dans la paroisse à qui leur Communauté appartenait, pour prier les Laudes ensemble. Nous les regardions avec admiration et nous espérions qu'un jour nous réussirions nous aussi à en faire autant.

À qui entrait dans le Chemin il était déconseillé chaleureusement de faire partie d'autres associations ou groupes religieux. Un jour mon mari dit aux Catéchistes qu’il avait décidé de devenir Ministre extraordinaire de l'Eucharistie. Ceux-ci hésitèrent mais, ne pouvant pas le lui interdire, ils lui dirent : " … cependant procède avec modération ".

Dans la Communauté on ne parlait jamais de ce qui arrivait dans l'Église. C'était tout un monde à part. Nous avions nos rites, nos images, nos chants, nos séminaires, nos prêtres, notre manière de prier. Quand nous participions à des rencontres qui n’étaient pas organisées pas par nous comme la venue du Pape à Catane, nous devions nous distinguer des autres en portant nos images et en chantant nos chants. Tout ce qui nous distinguait était l’œuvre de Kiko Argello : la Sainte Vierge peinte par lui, le Christ peint par lui, les chants composés par lui… Tout était grâce à lui !

Dans les assemblées à caractère national ou régional, Kiko avait la capacité d'appeler sur l’estrade tous ceux qui voulaient devenir missionnaires prêtres ou sœurs de clôture. Dans le Chemin, ses écrits, son travail était loi et il n’effleurait jamais à personne l'idée de réfuter ses pensées (qui sont de toute façon celles d’un laïque, bien engagé). Pendant les 14 années passées dans le Chemin il m’est arrivé plusieurs fois de me plaindre de quelques prises de position ou de certaines idées exprimées par des prêtres ou directement d'Évêques de l'Église catholique.

Jamais cela ne m'est arrivé vis-à-vis de Kiko ou de Carmen. Chaque fois que dans le Chemin il se déroule un événement où il doit chanter. Tout de suite ses chants se reconnaissent dès qu'ils sont entendus. Le rythme monotone est intercalé de "crescendo" du chœur. Les guitares, les tambours, et tout autre instrument répètent les notes avec un rythme martelant et tous accompagnent en chantant et en battant des mains. Celui qui chantait était invité à faire tout lui même. En peu minutes on perdait la conscience et on pensait qu'on était seul en train de louer le Seigneur. C'était une espèce de drogue. Le temps passait sans que nous nous en rendions compte. L'inconscience qui m'assaillait en chantant et en dansant était la même que beaucoup de garçon d'aujourd'hui vivent en discothèque. Pour nous, comme pour eux, le temps passait sans que nous nous en apercevions. Quelquefois dans la danse qui se faisait à la fin de la Messe, j'étais un peu étourdi par l'alcool du vin bu dans la célébration. Alors je me laissais aller un peu trop, avec les autres frères qui comme moi ne soutenaient pas tellement l'alcool. Souvent dans le Communauté j'ai palpé l'atmosphère de l'inconscience. En effet, toutes les rencontres étaient tardives et nombreuses, même en étant présents physiquement, ils ne comprenaient rien. Souvent, les choses qui y étaient dites étaient prises par nous pour bonnes sans que nous nous en rendions compte. Par conséquent (même quand nous étions assaillis de doute) nous étions convaincus que les catéchistes avaient probablement raison. Cette manière de vivre en Communauté nous poussait à accepter n'importe quoi qui y était "suggéré". Dans les Catéchèses et dans les Résonances il y avait une "inspiration divine". Un jour, j'ai rencontré un ami Catéchiste du Chemin qui m'expliqua, comment dans les catéchèses il devait se conformer fidèlement à la trace à ce qui lui était remis.

Moi aussi, quand j'ai été catéchiste, j'ai reçu une de ces traces. On traitait de la façon de donner les catéchèses aux nouveaux venus. Quand on confiait des documents du genre aux Catéchistes et aux personnes responsables ou dans les réunions on se parlait de la "méthode" à suivre, il était recommandé le plus grand secret. À ce secret nous étions liés comme aux "secrets de famille !" Dans les catéchèses tout était bien organisé. "L’Inspiration divine" était orientée pour étourdir les esprits qui, vu les horaires et les rythmes martelants et répétitifs, ne donnaient pas d’autre choix que de tenir pour sûr tout ce qu’on y déclarait, d’autant plus que, chaque fois que quelqu'un demandait un éclaircissement, il lui était toujours répondu de s'asseoir et d'écouter.

Tout ce qu’on entendait dans les catéchèses était juste. Du reste, cela était dit "inspiration divine". Les Catéchistes soutenaient d'être "des anges envoyés par l'Église", et nous les regardions avec admiration.

Dans les Convivences Régionales les catéchèses commençaient à une heure tardive. Dans ces occasions on aurait pu mieux s’organiser, de manière que les horaires aident à apprendre le message qu’on voulait nous transmettre. Au contraire, non. On faisait de grands dîners et après… tous aux catéchèses. Certains ne réussissaient pas à rester éveillés. Les Catéchistes s’en apercevaient à peine, ils les reprenaient en leur disant d'être attentifs, parce qu’il pouvait arriver que ce soir Dieu passât vraiment pour eux. Durant les années passées "comme néocatéchumènes il nous était interdit même des comportements qui, pour celui qui accomplit un chemin de foi, devrait sembler évident : Nous ne pouvions pas nous agenouiller. Non plus devant Jésus sacrement; Nous ne pouvions pas mentionner des passages de la Bible, parce que ce n’était permis qu’aux catéchistes; Nous ne pouvions pas poser de questions, parce que les réponses viendraient pendant le Chemin que nous avions entrepris (et qui dans le meilleur des cas, dure 25 ans !). Le fait de ne pas pouvoir poser de questions, parce que tôt ou tard nous aurions reçu une réponse dans quelques catéchèses, nous convainquait au plus profond que le Chemin était la réponse à tout : pour cette raison nous voyions les Catéchistes et ceux qui étaient rendus maintenant à l'étape de "Jérusalem" avec une admiration et une vénération extrême.

Nous ne pouvions pas corriger les frères, pas plus quand nous nous apercevions de manques graves. Nous devions nous convaincre que si un frère se trompait et se conduisait en pécheur, nous devions toujours nous penser plus pécheurs que lui. Nous ne devions pas nous comporter en pharisiens "cherchant le brin de paille dans l’œil du frère, en ne voyant pas la poutre dans notre œil". Si ensuite, la faute du frère était involontaire, parce qu’il était nouveau peut-être dans le Chemin, nous ne devions pas le corriger également, parce que nous devions mettre en pratique la vertu de la patience.

La vie dans le Communauté a été sereine seulement pour les premiers mois. Après ceux-ci, commencèrent les premières hargnes : on s'accusait et on se disputait souvent. Il y avait un moment spécial destiné aux "éclaircissements" : tout de suite après le déjeuner en chaque Convivence de la Communauté. À cette occasion nous commencions à demander aux frères le pourquoi et le comment et on finissait toujours par se disputer âprement. La rencontre terminée nous nous étreignions et nous nous embrassions dans le nom du Seigneur, mais nous revenions à la maison, nerveux et épuisés. Au dire des catéchistes, il était presque souhaitable de se disputer. Ils nous disaient, en effet, que de cette manière nous nous étions mis devant notre petitesse et celle-ci nous servirait pour grandir spirituellement. Justement, comme exemple ils nous apportaient les "célèbres litiges" de Kiko et de Carmen. Personne ne pouvait corriger les Catéchistes ou exprimer ses avis sur les méthodes utilisées : pas plus les Prêtres. Un jour, un Prêtre qui présidait à une Convivence Régionale à la 'Perla Jonica', se rebella à la parole des Catéchistes. Ceux-ci l’emmenèrent presque avec force. Puis ils nous ont dit qu'ils n'auraient aucun succès et tout de suite ils appelèrent d'urgence le Père P.P qui était absent à ce moment-là. Celui qui s'asseyait à côté disait qu’il "était fou". Je n'ai pas pu comprendre, toutefois, de quoi il se rebellât, parce que je n'eus pas le temps de parler.

Les derniers mois de mon expérience dans le Chemin, je manifestai mes doutes à un ami qui n’était pas néocatéchumène, mais simplement catholique pratiquant. Celui-ci me dit qu'il avait lu des témoignages semblables au mien dans un livre. Alors je lui demandai de faire m’en faire savoir le titre mais il ne se limita pas à cela et il m’en offra un. En lisant ce livre je m’aperçut que je n’étais pas seule. Je compris que mes doutes étaient les mêmes, identiques, de ceux de beaucoup d'autres gens. Je compris que je n'étais pas en dehors de l'Église, si j'avais douté du Chemin et cela me donna la force de réfléchir sérieusement sur la possibilité d’en sortir. Depuis ce jour et par la suite mon âme était toujours plus lacérée : je comprenais qu'en 14 ans j'avais fait des fautes graves et cela me faisait très mal. Dans la dernière Convivence (à laquelle je pris part) pendant la Pénitentiel, j’ai décidé de confesser mes doutes graves. Je racontai au Prêtre mon déchirement et je lui dis comment mes graves perplexités étaient les mêmes que celles de dizaines d'autres personnes. Je racontai aussi que leurs témoignages étaient recueillis dans un livre qui m'avait été offert. Il me répondit que je devais rester dans le Chemin et, avec un ton résolu, m’ordonna de brûler ce livre. À ce moment j'eus la confirmation qu’il se trompait de continuer à faire partie des néocatéchumènes. L'attitude de ce Prêtre m'a fait comprendre définitivement, sans aucun doute ou hésitation, que la vérité n’était pas seulement dans le Chemin et que je pouvais l'abandonner sans scrupules.

Les Catéchistes soutenaient que celui qui sortait du Chemin serait perdu : il aurait divorcé

ou, il se serait de toute façon éloigné de Dieu. Pour appuyer cette thèse ils donnaient beaucoup d'exemples de personnes qui, sorties du Chemin, avaient divorcés, s'étaient 'perdues' ou étaient tombées malades (comme s'il s'agissait d'une punition divine). Du Chemin on ne devait pas et on ne pouvait pas sortir ! Celui qui sortait était vu par les frères comme un pauvre diable (sur qui le mal avait eu l'avantage) ou comme un possédé. Je ne parle pas seulement de celui qui abandonnait complètement l'Église, mais aussi de celui qui restait dedans. Par contre, justement ceux-ci étaient vus avec de gros soupçons, peut-être par peur qu'ils pussent révéler les "intimités" de la Communauté ou les "Secrets" du Chemin, spécialement pour celui qui avait été néocatéchumène pendant plusieurs années comme moi. Dans la période durant laquelle je laissai la Communauté, je saluai le Père P.P. Je m'attendais à chaleureuse embrassade, comme on fait avec les amis de vieille date, mais lui avec un air menaçant me dit seulement: "Ne pas faire la sotte !".

CATÉCHISTES – SCRUTINS - TÉMOIGNAGES (de Marina et Concetto)

Les catéchistes nous disaient souvent avoir le "charisme d'être nos anges, envoyés par l'Église" et nous les croyions aveuglément : ils étaient nos guides et nous les regardions avec vénération. À leurs demandes, nous devions obéir parce qu’ils étaient envoyés par l'Église.

À chaque passage il y avait les "Scrutins." À cette occasion, les Catéchistes qui suivaient la Communauté posaient des questions concernant la vie personnelle. Ces questions étaient faites à chaque membre de la Communauté, et devant tous les autres, 35-40 personnes. Indépendamment des faits arrivés, ils demandaient par exemple : "Est-ce que tu es en paix avec la Communauté ? Avec la famille ? Est-ce que tu es attaché à l'argent ? Quelles sont tes idoles ? Est-ce que tu as demandé pardon à Tizio ou à Caio ?". L'épisode n'était pas important en soi, mais qu'on abandonne notre attitude jusqu'à nous rendre compte d'être seulement des pécheurs misérables.

Ils demandaient encore : " Est-ce que tu es ouvert à la vie ? ". (Ils s’introduisaient, donc, dans l'intimité de chacun). "Pourquoi as-tu seulement un enfant ? Pourquoi n’es-tu pas marié ?". Et ils ajoutaient : "Ou tu te maries, ou tu entre dans la vie religieuse !". Pour eux, en effet, il n'existait pas de compromis. Au dire des Catéchistes, ces questions devaient être fondamentales à notre croissance, parce qu'elles touchaient le fond et la saleté de notre âme. Jamais, cependant des questions de caractère transcendant nous ont été adressés; ils ne nous questionnèrent jamais à propos de notre rapport direct avec le Christ.

Les Scrutins se déroulaient en salles paroissiales ou dans un hôtel. La personne scrutée devait s'asseoir devant un Crucifix et devant l'équipe de Catéchistes en avant. Tout se passait après 21 heures (pour durer, parfois, jusqu'à 1.30). Entre temps nos enfants passaient la soirée tout seul. Nous ne pensions pas non plus au lendemain, quand nous aurions à aller travailler.

Chaque équipe était composée de laïques seulement, à l'exception d'un membre qui devait être le Prêtre (pour notre Communauté il s'agissait du Père P.P.). Celui-ci, cependant, n'était pas obligé d’être présent, à ce point que les Scrutins étaient guidés toujours par des laïques. S'il y avait un Prêtre, il intervenait seulement pour justifier les choix faits par les catéchistes laïques. Au terme des Scrutins, les Catéchistes se réunissaient et ils examinaient leurs notes qu’ils avaient prises durant "l’interrogatoire" à chaque membre. À la fin ils prenaient la décision d'admettre, ou ne pas admettre, chacun de nous à l'étape suivante.

Un Prêtre du Chemin, ne faisant pas partie de l'équipe de Catéchistes, suivait, parfois, les Scrutins, mais de façon passive. Il s'asseyait avec les membres de la Communauté, derrière celui qui était examiné et, la tête basse, il priait avec son bréviaire. Quelquefois, à la demande des Catéchistes, il répondait aux questions, habituellement de ce genre : "Enrico (au Prêtre ils utilisaient toujours le 'tu' sans jamais l’appeler 'Don' ou 'Père') est-ce que tu as quelque chose à dire sur ce frère ? Est-il présent de façon assidu en Communauté ?". En général, sa réponse comportait peu de mots. "L’interrogatoire" aboutissait souvent en larmes ou en de pénibles silences. Nous, qui nous restions derrière, nous nous regardions curieux de connaître les réponses aux questions qui étaient

posées. Le Prêtre qui parfois était présent suivait de manière passive et il n’intervenait jamais pour adoucir les tons qui étaient souvent dramatiques. Quelques-uns déclaraient avoir fait usage de drogues; d’autres, en présence de toute leur Communauté, découvraient de la bouche de la femme avoir été trahi durant des années. Je me rappelle comment un couple, devant tous, appris directement par la fille qu'elle avait des rapports prénuptiaux avec le fiancé. D’autres histoires, qui feraient suer même les confesseurs les plus âgés, retentissaient dans les salles où nous nous réunissions, nous laissant stupéfaits. C’est impossible de décrire les figures des maris trahis ou des parents qui écoutaient certaines expériences des enfants : ils étaient embarrassés, bouleversés, abattus. Ils se regardaient entre eux et, le visage rouge, ils suaient.

Quand ces épisodes arrivaient, tous restaient dans le mutisme le plus absolu. Nous nous regardions en face et nous communiquions avec les expressions du visage. Si ensuite les victimes étaient des personnes que nous croyions des "saintes nitouches", nous nous montrions satisfaits et à la fin nous nous accordions pour dire que finalement ils s'étaient enfin découverts. Les commérages, à voix basse, ne manquaient jamais ! Je me rappelle comment les Catéchistes entraient dans la vie de chacun de nous, jusqu'aux intimités les plus cachées, en "nous conseillant" des comportements à suivre. Si après un peu de temps nous n'avions pas encore suivi ces "conseils", nous ne pouvions pas faire le passage et nous devions ensuite nous arrêter à cette étape, pendant que nos frères avançaient dans le Chemin. C’était, enfin, une faillite ! Celui qui était interrogé, devait nécessairement s'ouvrir sur tout. Celui qui n'avait pas beaucoup à dire était toujours accusé d'être un sépulcre blanchi ou quelqu’un qui résistait à la conversion. Et alors, en descendant avec les péchés de toute sorte, y compris ceux dont nous n'étions pas sûrs.

Même les 'Témoignages', nous faisaient perdre la dignité. Je me rappelle que dans une Assemblée Régionale, un frère d'une autre Communauté déclara candidement, devant 300 personnes, dont l’immense majorité lui était méconnue, s’être uni à sa femme durant la journée passée à l’hôtel. Dans un Scrutin une sœur raconta les "envies conjugales" du mari, presque pour se défendre des accusations des catéchistes qui croyaient le couple "fermé" à la vie. Aujourd'hui je me demande où finie la dignité de la famille. Personne ne nous parlait jamais de l'idée de "procréation responsable." Ils nous disaient : "L'Église n'admet pas les méthodes anticonceptionnelles, ni les méthodes naturelles, parce qu'un fils est toujours mandaté par la volonté de Dieu". Nous devions seulement penser à nous ouvrir à la vie, pour le reste nous devions avoir seulement foi dans le Père. À la lumière de ceci, les couples qui réussissaient à mettre beaucoup d’enfants au monde étaient "gagnants".

Je me rappelle que, en donnant nos Témoignages et en "nous confessant" pendant les Scrutins, nous commençâmes à avoir un certain sentiment protagoniste, en négatif. Faire voir à tous le fait d'être pécheurs était presque un motif d'orgueil, parce que celui qui n'avait rien à raconter était vu par nous comme un pharisien.

LES PRÊTRES SCRUTÉS COMME LES AUTRES (de Concetto)

 

À chaque Scrutin et à chaque Témoignage nous nous attendions à enrichir notre connaissance des péché possibles. Je me rappelle le témoignage d'un Prêtre maltais : tout portait sur sa passion pour les femmes. La chose qui me frappa le plus n'a pas été la confession public d'un Prêtre (à cela je m'étais déjà habitué), mais le commentaire du mien après, quand il le vit monter sur l’estrade : "Cela je l'ai déjà entendu. Je sais ce qu’il a fait". Il le disait avec une certaine suffisance, comme s’il était ennuyé de réentendre la même histoire. Je fus poussé à commenter avec une ironie tragique : "Écoute-le! Il y a peut-être quelque chose de nouveau !"

Tous les Prêtres qui nous ont suivi à l’époque faisaient partie eux aussi du Chemin et ils parcouraient ensuite, pas à pas, notre voie. Aussi "ils étaient scrutés devant leur équipe en présence des membres de leur Communauté. Il devenait normal aussi pour eux de parler des choses intimes. Je me rappelle qu'un Prêtre G.S., a témoigné d'être pécheur lui aussi, en énumérant ses défauts et ses péchés (même les manques les plus intimes). Il est important de savoir qu'à la 'Redditio' peut prendre part quiconque le désire, indépendamment de son appartenance ou non au Chemin. Pour le Père A.S. il était normal de faire savoir à celui qui écoutait les témoignages de ses faiblesses personnelles. Comme nous tous, même les Prêtres qui faisaient partie de la Communauté avaient une certaine peur des Catéchistes. Ceux-ci avaient le pouvoir de décider sur tous : si ils étaient 'bons' ou 'mauvais' et si on permettait ou non le passage aux phases suivantes. Les Catéchistes devaient être tenus informés de tout. Quand il leur parlaient, le Prêtre ne pouvait pas les contredire. Même lui, comme les autres, devait apprendre à obéir à ses Catéchistes. Aussi Père P.P, initiateur du Mouvement en Sicile informait ses Catéchistes à Rome de sa vie et de la vie du Chemin Régional.

 

ORGANISATION DU CHEMIN (de Concetto)

En Septembre se déroulaient les convivences d’Inizio Corso. À cette occasion les "Têtes Catéchistes" de chaque Diocèse, rencontraient Kiko à la Porte San Giorgio (dans les Marche), et, parfois, ailleurs. L’on se décidaient là et puis se ramifiaient les programmes. En particulier on indiquait les sujets des catéchèses à traiter durant l’année. Les catéchistes qui participaient à cette convivence avec Kiko (pour la Sicile et la Calabre était S.M) faisaient à leur tour la Convivence du Report aux Catéchistes Régionaux. Puis, ensuite, ceux-ci en faisaient une avec les Catéchistes Provinciaux et de chaque Communauté.

La Hiérarchie intérieure du Chemin était ainsi : Kiko, Carmen et Père Mario, au même niveau, même si le leader est Kiko; Catéchistes Nationaux - Catéchistes Régionaux - Catéchistes Provinciaux; Équipe de catéchistes pour chaque Communauté, au moins 6 personnes : 2 responsables, qui sont catéchistes aussi, 2 chanteurs, 2 catéchistes. C’est préférable que chaque couple soit formé de conjoints.

On pouvait devenir Catéchiste même après un an de vie dans le Chemin. À partir de ce moment, celui qui recevait la charge, avait l'éclairage divin et le pouvoir d'évangéliser dans sa propre paroisse.

Les Responsables, les Co-responsables et les Catéchistes de chaque Communauté du Diocèse et de la Province faisaient partie du "Centre de Travail Provincial", qui pour Catane avait son siège dans la Paroisse de San Leone. Les membres d’un tel Centre se réunissent dans l'église (justement à l'endroit du culte et pas dans les pièces adjacentes), pour parler de la vie de chaque Communauté. Avant l'Avent et le Carême, dans ce Centre on conféraient les "mandats" pour évangéliser de nouvelles ou de vieilles paroisses.

LES ÉTAPES DU CHEMIN (de Concetto)

PRÉCATÉCHUMÉNAT

1ª Catéchèses de l'annonce (3 mois, en paroisse;)

1ª Convivence (3 jours à l’hôtel ou dans une maison religieuse);

Formation de la Communauté;

Élection des Responsables et des Co-responsables;

1° Scrutin - Rite de l'exorcisme -

Signature dans la Bible (Inscription dans le Livre de la vie)

1° Passage (2 années après l'entrée en Communauté);

Shemà (après 1 ou 2 années du 1° Passage). C ‘est une catéchèse spéciale pour scruter son attachement aux idoles, en préparation au 2° Passage. À cette occasion, en signe de détachement, on devait renoncer aux idoles, objets de valeur et argent ! Celles-ci étaient envoyés aux catéchistes de Rome.

CATÉCHUMÉNAT

2° Scrutin (avec invitation à un consistant renoncement aux biens matériels).

2° Passage.

Initiation à la Prière - Remise du Bréviaire - Rite du sel. (À partir de ce moment nous étions le sel du monde. Donc celui qui atteint cette étape doit ingérer symboliquement une petite quantité de sel).

Le Traditio (porter directement dans les maisons directement "l’Annonce" et ses propres expériences comme exemple) comme font les Témoins de Jéhovah. On nous recommandaient que, en portant l'Évangile dans les maisons, nous devions exalter les résultats atteints en fréquentant le Chemin afin d’inciter les gens à fréquenter les Communautés et à se convertir.

Le Redditio - Témoignage et proclamation du Credo.

(On devait porter le témoignage de ses propres changements depuis le moment où on avait commencé le Chemin. On proclamait le Credo après. À ces témoignages pouvaient assister non seulement des personnes des autres Communautés, mais surtout, des personnes qui ne faisaient pas partie du Chemin pour qu'elles fussent incitées à en faire partie). Cette étape je ne l'ai pas personnellement vécu, mais j'ai assisté à celle faite par les frères.

(Les autres étapes je ne les ai pas personnellement vécues).

LA LITURGIE (de Marina)

La pénitentielle – Dans les pénitentielles les catéchistes on nous disaient que nous devions nous accuser SEULEMENT de nos péchés, et par dessus le marché rapidement. Pour motifs de temps, le prêtre ne devait pas donner de conseils spirituels. Ces conseils nous aurions pu les demander en d’autres moments, en dehors de la confession.

Même si on nous laissait entendre que nous aurions pu demander conseil, en effets, nous étions habitués à nous ouvrir seulement aux Catéchistes, et rarement aux Prêtres.

Pendant la Pénitentielle, tous les frères qui n'étaient pas en train de se confesser devaient chanter à voix très haute, pour couvrir la voix de celui qui était en train d'avouer. Nous avions des moments fort embarrassants quand finissait un chant et qu’on en commençait un autre. La confession devait se dérouler en hâte parce que nous étions en nombre. Nous avions peur de dire un mot de trop au-delà de l'accusation de nos péchés Trop de gens attendaient ! À l'absolution, nous devions accomplir le geste de nous agenouiller, pour ensuite être soulevé par le Prêtre.

La Sainte Messe - nous Célébrions toujours la Sainte Messe portes closes. On faisait exception pour les conjoints et pour les parents des NC. La célébration se déroulait toujours dans une salle, sauf la nuit de Pâques. À cette occasion ils administraient les baptêmes.

Alors ils admettaient aussi les parents proches des catéchumènes qui célébraient le baptême.

Dans la paroisse qui nous recevait (Crucifissio dei Miracoli), dans les premiers années de notre expérience, trois Communautés cohabitaient qui célébraient la Messe le samedi, en même temps et séparément, jamais dans l’église mais dans les salles mises à la disposition du curé. Nous ne nous " mêlions " jamais aux autres fidèles. Nous ne pensions jamais assister à la Messe dans l’église, endroit certainement plus adaptée qu’une salle paroissiale ou une salle d'hôtel. Ce qui me frappait le plus était qu'on tâchait jamais de faire les cérémonies devant le tabernacle.

Nous chantions seulement le "Gloria" dans la nuit de Pâques, à la Pentecôte et en des occasions extraordinaires, comme dans les Convivence Régionales. Après la proclamation de l'Évangile nous faisions les "Résonances" durant lesquelles chacun pouvait exprimer ce qui l'avait frappé. À la fin le Prêtre faisait son homélie reprenant la pointe, souvent, de tout ce qu'il avait écouté. Pendant les "Résonances", non seulement aucune personne étrangère à la Communauté n'était admise, mais même les enfants étaient sortis de la salle.

On ne professait jamais le "Credo", sauf au moment du "Redditio", ou de ceux qui étaient

maintenant proche de la dernière étape, "l’Élection", et, de toute façon, toujours en dehors de la Messe. Il n’y avait jamais l'Offertoire. À sa place on échangeait le 'signe de la paix', comme dans le Rite Ambrosien. Ce signe devait être échangé de tous et avec tous, de sorte qu’il se créait une grande confusion.

Pendant la Messe on ne recueillait pas d'argent, même si à la fin on faisait la "Collecte" pour payer les baby-sitter qui, dans un salon adjacent, assistaient les enfants.

Avant la Prière Eucharistique le Prêtre ne se purifiait pas les mains. Nous n’avons jamais répondu : "Le Seigneur reçoit de tes mains ce sacrifice".

Au moment de la Consécration il était INTERDIT de se mettre à genou. Beaucoup de frères ont été réprimandés pour l’avoir fait, parmi ceux-ci, mon mari, un diacre, que je connaissais et mes amis qui étaient de service à côté du Prêtre près de l'autel durant la Messe.

Le fait que nous ne devions pas nous agenouiller, et la relation étroite de cet acte avec l'adoration eucharistique m'a fait réfléchir ! Je me rappelle qu'en 14 années, nous n'avons jamais fait une seule adoration eucharistique. En nous rapportant à la Consécration eucharistique, j’ai souvenir qu'on expliquait qu'il s'agissait de "l’Exaltation de la Résurrection du Seigneur." Tant et si bien qu'à la fin de la célébration on dansait autour de la "Table" pour fêter la victoire de la vie sur la mort.

Les néocatéchumènes parlent toujours de la Messe comme du "Banquet nuptial" et, donc, faisant allusion à l'autel ils l'appellent toujours et seulement "Table". Pour cette raison, comme les invités à un banquet, nous nous asseyions autour de la "Table" et, on se mettaient toujours par terre sur les tapis.

On ne récitait jamais "l’Agneau de Dieu." On comptait les participants. On rompait le pain consacré, qui était azyme dans la forme et dans la dimension d'une fougasse. Le pain était rompu par le Prêtre qui appelait les Ministres Extraordinaires afin de l’aider. Si ceux-ci étaient insuffisants, il autorisait quelques laïques à rompre le pain avec lui. On ne déclarait jamais : "  Seigneur je ne suis pas digne ". En effet, le prêtre, après avoir prononcé les paroles : "Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde", ajoutait tout de suite : "Le corps du Christ nous garde pour la vie éternelle". Cela, cependant, il ne le disait pas debout devant l'autel, mais assis à sa place !

La Communion se faisait de manière tout original. Nous restions assis tous et nous attendions que le Prêtre et ceux qui l'assistait passent par les places en posant un bout de Pain consacré sur les mains des participants. Cette distribution terminée, le Prêtre s'asseyait à sa place et mangeait le Pain en même temps que tous les autres. Puis le Prêtre prenait le calice, plus gros que ceux utilisés pour la "Messe commune" et il passait par les places où les participants, assis, buvaient une gorgée, abondante, de Vin consacré.

Après la Communion, les responsables donnaient des avis de tout genre et ça se terminait avec la bénédiction. À la fin de tout on dansait autour de la Table. Cette danse faisait partie de la célébration : tous devaient y participer, même seulement en battant des mains.

Quand je pense à la possibilité que quelques petits fragments Eucharistiques puissent être tombées par terre et que nous avons dansé dessus, j’éprouve un effarement terrible pour l'insouciance montrée. Le Seigneur veuille avoir miséricorde de moi et de ceux qui continuent encore aujourd'hui à agir ainsi. J'ajoute que pendant la célébration (qui ne durait pas moins de deux heures et demi), il y avait des moments de distraction (quelques-uns quittaient littéralement la salle pour aller fumer ou bavarder). Les Prêtres étaient opposés à cela, mais ils ne pouvaient non plus corriger les frères qui manquaient.

Quand quelqu'un, empêché à participer à la célébration du samedi soir, participait à la "Messe commune" du dimanche matin, en rencontrant les frères de la Communauté, il racontait l’expérience qu’il avait faite et, souvent il commentait les différences considérables entre les deux célébrations, en soutenant que le " dimanche il n'avait rien éprouvé ". Je n'oublierai jamais qu'une sœur "Ostiaire" a réprimandé ma fille parce qu'un dimanche elle était allé à la Messe en paroisse. Selon elle, cette Messe n'était pas valide ! Avec cela je ne veux pas accuser cette pauvre sœur de ce qu’elle disait au contraire, mais simplement rendre témoignage du climat dans lequel les participants vivent au Chemin.

À tous on inculque l’idée que la vraie Église est dans le Chemin et que "celui qui se limite aux " pratiques communes habituelles " possède seulement "une foi naturelle qui n’est pas mature". Cette idée était toujours soutenue par des exemples donnés par les Catéchistes, banals mais incisifs, et qui faisaient remarquer à toute la Communauté comment dans le Chemin il y avait toujours une grande participation, alors que les églises étaient de plus en plus vides. L'Église commune était vue comme "statique."

Vers la fin de mon expérience dans le Chemin, chaque fois que je m'arrêtais à réfléchir sur le Mystère Eucharistique, je restais très troublée. Le fait qui ne devions pas nous agenouiller devant le Tabernacle a été une forte stimulation à la réflexion. Je ne comprenais pas pourquoi je ne devrais pas accomplir ce geste d'adoration ! Dans le Chemin, personne ne s'agenouillait. Les Prêtres ne le faisaient pas non plus, à l'exception de Père Enrico, Jésuite, de don A.C et de don G.S ! Dans la paroisse de San Leon (cœur du "Chemin" à Catane) les agenouilloirs ont été enlevés !

Au sujet de l'Eucharistie, les souffrances les plus grosses je les ai eues pendant la Messe. La préparation de la Table me fascinait beaucoup. Tout était de rêve : fleurs, tapis, chants; la compagnie des frères, l'attente du Seigneur Mais dans les derniers temps, les enseignements religieux reçus par les enfants me faisaient prendre conscience de la situation grave que j'étais en train de vivre. Comme tous ceux qui ont reçu un enseignement catholique connaissent l'importance du Sacrement Eucharistique. L'Hostie et le Vin consacrés sont le Corps et le Sang du Christ. Ils sont le Christ entier ! À cause de cela, chaque fois que pour n'importe quel motif on vient en contact avec ces espèces sacrées, on doit toujours faire attention au maximum. Malgré toute cette attention, malgré que les hosties soient préparées de manière à ne pas se fragmenter, le Prêtre sait qu'à la fin de chaque célébration il reste toujours des petits bouts d'Eucharistie. Pour cette raison durant la Sainte Messe il purifie le calice et la patène avec scrupule, à la recherche des plus petits fragments restants d'Eucharistie, conscient que ceux-ci sont tout le Christ. Les Prêtres, les Diacres et tous ceux qui sont autorisés à accéder au Tabernacle sont préparés d'une manière adéquate pour que ne soit pas sous-estimé le sens du Pain et du Vin consacrés. Ces notions, fondamentales pour tout catholique, m'ont poussée à avoir doutes sérieux sur la bonté des actions avec laquelle les néocatéchumènes traitent les espèces Eucharistiques. Je ramène à cette intention mes expériences personnelles, pour qu'elles puissent servir à celui qui a la compétence.

Le pain - Dans les célébrations du Chemin on consacre exclusivement le pain azyme, préparé par les membres de la Communauté. Ceux qui ont cette charge sont appelés "Ostiaire." Le pain a la forme et la grandeur d'une fougasse. Sur lui, doit être gravée une grande Croix (celle du Christ) entourée par de petites Croix, représentants nos Croix. Aujourd'hui je comprends comment le pain (contrairement aux hosties) se décomposait beaucoup plus lentement et ensuite, après la Communion, il restait encore en nous pour longtemps. En pensant à ce nous n'aurions pas dû fumer, manger… mais tout ceci n'arrivait pas. Au moment de rompre le Pain, se détachaient toujours des Fragments qui restaient sur le Corporel (toujours ce qui était mis sur la Table). Il arrivait souvent que quelques Fragment tombait sur la Table ou par terre, sur les tapis. Celui qui recevait le Pain mettait les mains à la forme de croix, avec la gauche sur la droite, pour former un trône pour le Christ Eucharistie. Les parties du Pain qui étaient distribuées avaient des dimensions variables selon le nombre de participants. Il pouvait arriver que l’on reçoive un très petit bout de Pain ou encore une pleine main. Les bouts qui restaient sur le patène étaient distribués encore jusqu'à qu'ils n'en reste plus. Souvent, au moment de "manger" le Pain vu les dimensions, nous étions contraints à le mordre. Il était naturel qu'ils fassent ainsi des fragments, que nous tâchions de ne pas disperser.

Mon mari qui est Ministre extraordinaire de l'Eucharistie, aidait dans la distribution. Il fut contraint de rappeler plusieurs fois celui qui recevait Jésus, assis de façon non conforme ou, pire, qui recevait le Corps du Christ en mâchant une gomme. Ces épisodes font comprendre combien nous avions peu de conscience de ce qui faisions. Quand quelqu'un tâchait de corriger un frère qui recevait le Pain consacré avec peu respect, il était repris parce que nous devions être patient, spécialement avec celui qui était dans le Chemin depuis peu de temps.

Pendant qu'on attendait de manger le Pain, nombreux, (spécialement parmi les jeunes) commentaient ou, plaisantaient avec l'Eucharistie sur la main. Je ne pouvais pas faire autrement que demander de silence. Parfois, pendant qu'avec le Pain en main nous attendions de communier, on s'arrêtait à l'examiner, et les commentaires ironiques n'étaient pas rares sur la cuisson excessive, sur la dureté ou sur le fait que fût encore cru.

Comme déjà mentionné, nous mangions le Pain, tous au même moment. Certains, ayant reçu deux ou même trois bouts de Pain, se trouvaient en difficulté de le consommer au moment opportun, parce que tout de suite après le Ministre passait avec le Calice. Je me rappelle comment l'Eucharistie était mangé ni plus ni moins comme l’on mange à table un morceau de pain. Ceci me faisait terriblement mal ! Une fois consommé le Pain sacré, nombreux, tout en restant assis s’époussetaient les pantalons ou les jupes Avec une immense douleur aujourd'hui je pense à la possibilité que quelques fragments de l’Eucharistie puissent être tombés par terre. De temps en temps les tapis étaient nettoyés. Ils étaient battus ou aspirés par quelque frère disponible mais, vu la probabilité élevée que sur eux il y ait encore des fragments de Pain, qu’auraient-ils fait ? En repensant à la danse finale autour de la Table, je me demande: "Si par terre se trouvait des fragments de l’Eucharistie, quel sens pouvait avoir cette danse ? Cette joie était-elle à cause de cela ? Peut-être parce qu’on était en train de piétiner le Christ ?".

Ma sœur chérie (A.Mn), Ministre Extraordinaire, déconcertés après une Célébration eucharistique, vint me raconter un épisode qui lui était arrivée quelque moment auparavant. Un homme, mari de notre sœur, mais n'appartenant pas au Chemin, avait mis dans la poche de sa veste le Pain eucharistique. Elle vit ce geste et, à peine terminée la cérémonie, en parla au Prêtre célébrant. Celui-ci lui répondit: "Mêle-toi…". Elle se rapprocha de cet homme et puis dit: "Frère, donne-moi le Pain qui as dans ta poche. C’est Jésus. Je le mange". Il le lui donna et elle le " consomma ".

 

Une autre sœur, (A.Mg) me raconta un peu avant que je sorte du Chemin, comment pendant une Célébration Eucharistique à laquelle nous participions ensemble, pendant que nous attendions de consommer le Pain qui était sur nos mains, on entendit à l'extérieur de la salle un bruit comme celui d'un accident d’automobile. Quelques frères, craignant que leur voiture fût impliquée, précipitèrent pour contrôler à l’extérieur. L’un d’entre eux, dans sa fougue de sortir, mit le Pain consacré dans sa poche.

Combien peu de respect de l'Eucharistie chez quelqu'un du Chemin !

Le vin - Après le Corps de Christ, c'était le moment du Sang. Le prêtre passait par les places avec le calice du Vin consacré. Au début de mon expérience dans le Chemin les Catéchistes nous suggérèrent que pendant la célébration, quand c'était le moment de boire au calice, il fallait prendre une "belle gorgée." Aujourd'hui seulement je réussis à comprendre quelle grosse erreur c’était ! Je repense à la chose qui se réduisait à boire la Sainte Espèce : c’était comme l’acceptation d’une boisson quelconque. Ma pensée est soutenue par l'expérience que j’ai eue dans ma Communauté. Il semblait que quelques frères et sœurs amoureux du vin, en buvaient plusieurs gorgées et, parfois ils tâchaient de se mettre aux premières places, en espérant que le Vin ne s'épuisât pas au premier tour, de façon à pourvoir en encore. Souvent j’éprouvais une grosse souffrance du voir un pauvre frère qui, amoureux du vin (entendu comme boisson normale), tâchait de manière évidente d'en avoir encore. Je confesse que parfois j'espérais que le Prêtre, ou celui qui le faisait pour lui, repasse avec le Vin : celui-ci, en effet, était liquoreux et agréable à boire. Quelques frères, en suivant le conseil des Catéchistes et des Prêtres du Chemin, buvaient le Vin Consacré à grandes gorgées et parfois il arrivait qu'ils en versaient sur le vêtement. À une occasion je vis un frère qui, par mégarde pris le calice, versa un peu de Vin Consacré par terre. Je ne me rappelle pas si cela tomba sur le tapis ou sur le plancher. Je me rappelle seulement qu’ils allèrent absorber le Vin avec les purificatoires.

Après avoir communié on ne se faisait pas la purification du Calice et de la Patène. Ceux-ci étaient posés dans un angle de la salle et, à la fin de la célébration, le Prêtre et les Ministres extraordinaires (à ce moment il y avait aussi mon mari), ou simplement un Responsable chargé s’en occupaient.

Dans le Chemin, les signes sont fondamentaux. Pour ce faire la Communion devait être une action physiquement considérable. On devait sentir le Pain en bouche. On devait goûter le Vin. Pour cette raison "les Messes communes" nous semblaient insignifiantes : nous n’éprouvons rien ! Eu égard à notre Pain azyme, les Hosties étaient inconsistantes. Le caractère physique de tout nous portait à voir le Chemin comme la vraie, unique Église, parce qu’il n’y avait que là que "nous éprouvions des émotions".

TEMPS DE L'AN LITURGIQUE (de Marina)

Nous avons jamais commémoré un Saint ou une Sainte. Ces Fêtes et ces Patronages étaient vus comme de clairs exemples de "foi naturelle et dévotionisme."

Nous avons jamais fait l’adoration Eucharistique et encore moins les "Quarante heures." Les processions ne faisaient pas partie de la culture néocatéchuménale. Celui qui chercherait un néocatéchumène à quelque procession Eucharistique, comme celle du Corpus Domini, resterait déçu parce qu'il en trouverait peu et seulement ceux qui ne peuvent se passer de certaines habitudes.

Jamais on ne nous a invité à participer à une rencontre ou à manifestation de caractère diocésain. Seulement le Père Enrico nous invitait à participer à la procession du Corpus Domini mais, en vérité (vu les engagements que nous avions en Communauté), ses mots étaient presque toujours inécoutés. Le seul moment à vivre intensément avec le Chemin était la semaine sainte. Dans les autres occasions nous étions libres de participer où nous voulions.

Semaine Sainte - Le Noël, le Dimanche des Palmiers… étaient des moments à vivre dans sa propres paroisse. Mais le néocatéchumène vit toute sa vie religieuse dans sa Communauté ! Naturellement dans ces dimanches on n'allait pas à la Messe, parce que le soir on avait auparavant participé à la Célébration en Communauté.

La procession qui précède la Messe du Dimanche des Palmiers, dans les paroisses qui recevaient les Communautés néocatéchuménales, était organisée de manière que, celui qui avait dépassée le 'Redditio', portait un gros palmier. Puis celui-ci serait rangé sur le balcon sa propre maison, pour que celui qui le voyait comprît que dans cette maison vivait un chrétien. Qui portait ces palmiers avait le privilège de monter à l'autel. Les autres qui portaient des rameaux d'olivier non comparables à ces palmiers luxuriants suivaient derrière.

Le Jeudi Saint était dédié exclusivement au Lavement des pieds. C’était bien préparé. On pensait aux Lectures et à chaque particularité. À cette occasion, le Responsable (éventuellement précédé par le Prêtre), lavait les pieds à tous ceux qui composaient la Communauté, en faisant comprendre ainsi à tous qu’il était leur serviteur. Quand ils avaient terminés, tous nous étions invités à répéter le même geste, en lavant les pieds aux frères avec lequel on devait se réconcilier.

On ne célébrait pas la "Messe de la Cène du Seigneur" mais nous étions libres de participer à la Messe dans les paroisses, mais il fallait faire en premier le Lavement des pieds qui, vu l'heure à laquelle il se déroulait, se terminait toujours vers 23.30 heures. Jamais personne ne nous invitait à participer à la "Célébration de la Cène du Seigneur" important événement pour toute l'Église.


Le Père D.C. me raconta comment quand il était curé à Massa Annunziato, il dut imposer aux Communautés du Chemin de participer à la Messe "de la Cène du Seigneur", avant de faire le Lavement des pieds. La discussion fut allumée, mais ceux-ci ne purent s’y opposer. Durant mon appartenance au Chemin je n'ai jamais vécu le Jeudi Saint comme les autres fidèles. Avant le Lavement des pieds je cherchais désespérément, pour mon compte, une église voisine à ma Communauté, pour faire concilier l'horaire de travail, celui de la Messe et celui du Lavement des pieds. Durant plusieurs années je n'ai pas réussi à participer à la Messe "de la Cène du Seigneur."

Le Vendredi Saint nous ne faisions pas le jeûne comme les autres fidèles chrétiens. En effet on jeûnait seulement le soir tard, et précisément du moment de l'adoration de la Croix et après. On expliquait que dans l'Évangile il est écrit que "quand l'Époux sera enlevé, alors ils jeûneront !". En pratique le jeûne était déplacé le Samedi Saint. Le soir du Vendredi on proclamait l'Évangile de la Passion et après on accomplissait l'adoration de la Croix.

On ne parlait jamais du chemin de " Croix " et nous l'avons jamais fait. On nous expliquait que le sens de l'adoration de la Croix (embrasser le Crucifix), était celui d'embrasser notre Croix, c'est-à-dire tout ce qui nous faisait mal, en particulier les gens qui nous faisaient souffrir.

Après l'adoration on revenait à la maison en silence. Cette atmosphère triste nous donnait le sens du deuil et nous faisait penser que dans l'Église commune ceci n’était pas vécu d'une manière adéquate.

Le Samedi Saint était le jour du jeûne et du silence. L'abstinence de nourriture était très rigide. On pouvait boire seulement quelque jus de fruits ou du thé. À cause de cela parfois les plus faibles se trouvaient mal et souvent s'évanouissaient. Le matin se préparait la salle pour la Veillée. Tout était décoré de fleurs. On apprêtait le "Puits de Jacob" aussi. L'eau de ce "puits" utilisée pour les baptêmes et pour les autres rites de la Veillée, était jetée après à la rue ou, pire, dans le déchargement des eaux de l'intérieur de la courre intérieure. Il y en avait beaucoup. À côté du siège de celui qui présidait, on préparait une chaise qui devait rester vide. On posait dessus une rose. Cette chaise était pour "l’Hôte." Cette nuit, en effet, était le "Passage de la mort à la vie" et il se pouvait qu’arrive le "Retour Glorieux de Christ Ressuscité."

La nuit de Pâques, à la cathédrale, ceux qui étaient arrivés à la dernière étape "Jérusalem", connus comme "ceux qui sont passés par la grande tribulation", se présentaient devant l'Évêque en vêtements blancs.

Au milieu de la nuit commençait la Veillée qui se terminait à 7 heures ou à 7.30 du matin, mais s'il y avait des Baptêmes elle pouvait se terminer vers 8.30 aussi. Après la Veillée chaque Communauté se réunissait pour un Agape fraternel, organisée précédemment. On allait à la maison d'un frère, ou dans la salle de la paroisse, plus fréquemment on s’inscrivait dans un restaurant. Dans cette Agape (qui se déroulait vers 9 heures) on consommaient les signes classiques de la Pâque: les herbes amères, l'agneau (au four, avec les pommes de terre) les œufs durs et, en conclusion, une chose douce en forme de brique pour rappeler l'esclavage en Égypte. On ne manquaient pas d’autres plats, comme les tortellini en bouillon, salades et autre. L'important était que l’on se traitât de viande et de légumes.

L'agape des Communautés plus âgées était à base de lait, de miel et de friandises pour se refaire aux "délices de la Terre Promise."

Après la journée de jeûne, après une nuit blanche et un déjeuner somptueux, on revenait à la maison presque inconscients, mais orgueilleux de l'avoir fait ! Pendant que les autres se réveillaient en louant le Ressuscité et en vivant ensemble tout la joie de Pâques, nous déconnections le téléphone pour ne pas être dérangé dans le sommeil.

Attachée à mes habitudes, j'espérais de réussir à me réveiller pour pouvoir suivre à la Télévision la bénédiction "Urbis et orbis." Dans les Communautés ce rendez-vous n'avait aucune importance.

LES ASPECTS ÉCONOMIQUES (de Concetto)

Dans les catéchèses l'argent était présenté comme une idole. Il fallait le traiter comme des ordures. Pour cela, chaque fois que nous devions recueillir de l’argent, nous passions par les places avec les sacs noirs, utilisés pour la récolte des ordures.

À la première convivence d'une nouvelle Communauté, celles déjà existantes se cotisaient pour acheter les gâteaux et le mousseux pour fêter avec les nouveaux frères leur entrée dans le Chemin. À la fin de la fête, quand c'était le moment de recueillir l'argent pour payer les dépenses, si on ne recueillait pas la somme nécessaire, après les premiers tours, même ceux qui étaient présents des Communautés plus vieilles étaient invités à participer à la collecte. De cette manière les nouveaux venus restaient frappés profondément par cette fraternité et ils se sentaient comme en famille.

Pendant les Convivences Régionales ou dans les Rites de Passage, nous recueillions l'argent pour payer les hôtels ou pour laisser les offrandes aux maisons religieuses qui nous recevaient. Nous passions avec le "sac" pendant que les chants du Chemin qui étaient entonnés et le Catéchiste incitaient à mépriser l'argent. Il disait: "Séparez-vous de vos biens et vous recevrez le centuple." Parfois il incitait même à signer des chèques, spécialement pour celui qui n'avait pas de liquide. Quelquefois il suggérait même de les laisser en blanc. Personne n’était obligé à mettre de l’argent mais l'invitation à le faire était pressante et tous mettaient quelque chose, quelques uns plus et quelques uns moins. Chacun jetait à poing fermé, une somme d'argent ou des objets valeur. Initialement, quand on nous eut expliqué comment les récoltes s’effectuaient, on nous disait que les frères qui étaient les plus dans le besoin n’avaient pas à " jeter " dans le sac, mais plutôt " prendre ". Quand ensuite on assista pour la première fois à une collecte d'argent on s'aperçut qu’il était presque impossible de prendre du sac. Celui-ci en effet, était très profond et y prendre de l’argent serait devenue une action évidente à tous.

On n'atteignait pas souvent le chiffre qui défrayait, et alors on procédait à une seconde ou à un troisième tour du "sac." Quand on atteignait la somme nécessaire, on nous disait que c’était pour récompenser un frère qui s'était converti, en versant la somme manquante considérable. De cette manière nous étions frappés et incités à  nous " convertir " nous aussi. Après chaque tour, dans une pièce contiguë à celle où nous étions réunis, les "Responsables vidaient les sacs. Ayant aussi été un "Responsable", je les ai plusieurs fois vidés et je me rappelle que c'était toujours une surprise. À l’intérieur du "sac" il pleuvait de tout : argent, chèques, (quelques-uns même en blanc, objets d'or (bagues) colliers, épingles, aussi avec des pierres précieuses, et, parfois des bulletins du totocalcio (jeu italien) (dans le Chemin, en effet on insistait beaucoup sur le fait que celui qui jouait le bulletin n'avait pas confiance en Dieu et pour cela jouer était pour lui retenu comme un péché).

Les chiffres qu’on recueillait étaient considérables. Dans les Convivences Régionales de trois jours, à l’hôtel, nous étions d'habitude environ 450 personnes. La somme à destiner à l'hôtelier était autour (en 1997), des 80 millions de lires. Si on considère cependant que ces 450 personnes étaient seulement un tiers du nombre total des participants à la Convivence Régionale : en effet, les ayants droit (catéchistes et responsables de toute la Sicile) étaient plus ou moins 1.400. On y recueillait l'argent destinée aux baby-sitter aussi qui, pendant les Convivences, accompagnaient les enfants des participants.

Dans ces occasions on récoltait aussi l'argent à destiner à la subsistance des Séminaires néocatéchuménales "Redemptoris Mater" répandu dans le monde et aussi pour la construction du grand Centre d'Accueil pour les Communautés du Chemin qui, arrivés à l'étape "Jérusalem", font le pèlerinage coutumier en Terre Sainte. La somme d'argent recueillie pour les Séminaires et pour le Centre en Galilée dépassait, souvent, celui destiné à l'hôtelier. Dans ces derniers deux buts on recueillait l’argent aussi dans les Communautés, pendant les Convivences de Report. En étant Responsable de ma Communauté, j'avais le devoir de recueillir cet argent et de l'envoyer aux responsables de Rome. D’une fois à l’autre on me signalait un nom et un compte courant bancaire différent. Le motif pour lequel on me signalait souvent des noms et des comptes bancaires différents n'a jamais été clair pour moi, aussi parce que, poussé par le zèle de soutenir le Chemin, je pensais qu'il fût plus opportun de faire toujours référence à un même compte. De cette manière on aurait pu "verser" en privé aussi, dans les moments où il n’y avait pas de Convivence de prévue et même des personnes n’appartenant pas au Chemin aurait pu faire des versements. On pouvait faire, en pratique, comme les grandes associations de volontariat ou comme les Organismes de charité.

Dans le rite de l'initiation à la prière on faisait l'exorcisme de l'argent.

Placé devant une Croix, chaque initié jetait dans un panier une enveloppe contenant une somme considérable d'argent. Pendant qu'il accomplissait ce geste il devait prononcer une

phrase de renoncement à Satan. Ma Communauté était parmi les plus pauvres, mais je sais que d’autres nombreuses communautés ont renoncé aux terrains, aux appartements, aux voitures, etc. Les sommes récoltées étaient toujours très grosses. Ils nous disaient que ces biens iraient à la paroisse hôte et à l'Évêque local, comme offrande pour la charité. Clairement au-delà à cet argent nous devions ajouter celui pour les dépenses actives : hôtel, baby-sitter, etc. Aussi dans cette occasion, une fois terminé le rite on fêtait dans de luxueux restaurants (Villa des Roses à l'Aci Trezza, Poggio Ducale, près de la paroisse Madona di Lourdes et autres du genre). Les dépenses soutenues pour ces banquets de luxe étaient à la charge complète de la Communauté mais non des Catéchistes. Ceux-ci, en effet, exécutaient un service et ne participaient jamais aux dépenses. Ils ne participaient pas non plus quand ils venaient visiter la Communauté et ils s'unissaient à l'agape que nous organisions. Dans ces occasions ils en profitaient pour emmener même leurs propres enfants.

Je me rappelle qu'à la fin de chaque Convivence Régionale ou de Report nous revenions à la maison dépouillés de tout bien matériel. Nous n'avions pas une lire en poche. Nous sommes souvent revenus de Cefalù ou de Bagheria avec seulement de l'essence dans le réservoir. Avec douleur je pense aux moments où nous tâchions d'épargner en tout afin d’être prêt à destiner au Chemin de l’argent, le plus possible. Souvent nous disions "non" aux demandes légitimes même de nos enfants qui étaient obligés de se contenter du stricte nécessaire. Les chaussures et les vêtements étaient utilisés jusqu'à la limite; les amusements et les petits pourboires qu'on donnent aux enfants ne faisaient pas partie de la politique familiale : cet argent étaient destiné à la Communauté.

La dîme - Tous ceux qui arrivaient à "l’Initiation" de la Prière" (moment où l'Évêque nous remet les bréviaires) se devaient de payer la "dîme". Celle-ci consistait à céder à sa propre Communauté au moins le dixième de sa paye mensuelle. L'argent qui était recueilli devait servir pour aider les frères les moins riches. Décider qui pouvait bénéficier des aides économiques et dans quelle mesure, était le Responsable de la Communauté, selon la somme recueillie et les demandes. Je me rappelle comment beaucoup de frères profitèrent volontiers de ces aides. Souvent ils savaient ou comprenaient que quelqu'un demandait de " l'aide " sans en avoir réellement besoin et pour ce motif nombreux ne donnaient pas volontiers la dîme et parfois naissaient de forts désaccords. Je me rappelle qu'après un an environ de l'initiation à la Prière, les catéchistes vinrent nous visiter afin de se renseigner au sujet de notre Chemin. Le Responsable leur fit savoir qu'à l'occasion des dîmes, ils se recueillaient peu argent. Alors les catéchistes nous réprimandèrent d'être encore trop attaché à l'argent et ils nous dirent que à cause de cela la Communauté ne réussissait pas à grandir. Ils demandèrent au Responsable, le docteur P.Pg, s'il avait donné l'exemple, c'est-à-dire, si au moins lui avait versé une somme proportionnée. Celui-ci répondit que, même plusieurs fois les frères l’ayant invité à payer et verser la dîme, il n'avait pas écouté et pour cela décida, avec sa femme, de destiner sa propre dîme aux sœurs de Mère Teresa de Calcutta. À ce point les Catéchistes (et notamment don P.P) devinrent furieux. Ils réprimandèrent le couple âprement devant la Communauté, en les accusant de ne pas l’aimer et d'avoir désobéi aux Catéchistes et au Chemin. Le Responsable ne put répliquer à cause de la fougue excessive de ses interlocuteurs. Ceux-ci s'acharnèrent avec la femme qui tentait de minimiser et surtout de défendre le mari. Confessant que, en regardant le prêtre, il me semblait voir le berger se transformer en loup, tant il exprimait de la colère, sans se préoccuper de l'effet que cela aurait sur ceux qui étaient présents. Les cris s’entendaient jusqu’à la rue et nous même nous étions bouleversés et terrifiés. Depuis ce moment le P. Pg. ne participa plus à la vie du Chemin. La femme participa à quelques autres rencontres et puis elle ne revint pas non plus. Aujourd'hui, avec la sérénité de celui qui est sorti sans quelque pression extérieure, je me demande : "Au début de cette expérience, qui nous avait averti que nous aurions dû nous sacrifier, même économiquement, n’ayant plus la liberté de choisir à qui adresser notre charité ?". Je me demande, en outre, si il existe dans l'Église des Associations ou des Groupes qui font payer à leurs membres une dîme ?

Loin de nous l'idée de juger ou accuser. Notre seul désir a été celui de témoigner pour mieux faire comprendre ce que les adhérents au Chemin néocatéchuménal vivent et souffrent dans les Communautés, et pour que celui qui a autorité puisse donner une réponse à beaucoup de doutes.

Concetto Bonaccorso & Hermine (Marina) Niess

 

 

 

 

 


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